Article programmatique : Passer à l’action !
Il est nécessaire de penser l’engagement des plus jeunes par le design.
Les deux articles précédents ont permis de questionner le fait même de parler d’engagement chez les enfants. Aujourd’hui, une certaine urgence se fait sentir concernant le regard des enfants sur le monde, qui émerge de l’omniprésence des réseaux sociaux chez les plus jeunes. Ces derniers étant directement exposés aux enjeux et maux sociétaux actuels, leur donner les clés pour aborder ces nouvelles difficultés serait cohérent. Mais il faut évidemment questionner leur état d’enfant. En effet,
le temps de l’enfance a été théorisé par de nombreux auteurs, ayant des avis assez divergents. Il est cependant possible de synthétiser ce développement d’idées : d’une part, il est nécessaire de ne pas considérer les enfants comme des adultes miniatures. L’enfance doit être abordée comme un état d'insouciance et de formation, sans tendre à devenir un certain type
de citoyen. D’autre part, il faut cesser de marginaliser les enfants sous prétexte qu’ils sont jeunes et ignorants. Au contraire, les inclure davantage à la communauté leur permettrait de mieux comprendre la société dans laquelle ils évolueront en grandissant. La convergence de ces modes de pensée réside en la capacité à définir une place adaptée à l’enfance, entre découverte spontanée de ce qui l’entoure et inclusion à son environnement. L’enfance se situe entre potentiel et fragilité,
entre nouvelles ressources et dangers d’embrigadement ; leur proposer de s’engager nécessite une certaine prise de mesure.
Il est désormais important de penser les modalités de l’engagement des plus jeunes. Le design constitue un apport formel
et conceptuel, qui permet de rendre l’engagement plus accessible. Mais il permet aussi de former des propositions de scénarios, afin que l’événement s’inscrive au mieux dans le temps et l’espace. Cela prend également en compte les acteurs
du projet, tels que les commanditaires et les partenariats possibles.
Comment le design peut-il apporter des éléments de réponse face aux enjeux qui concernent l’engagement du jeune public ?
Les leviers d’action
- Le temps
Nombreux sont les facteurs qui font de l’engagement une activité pesante. Comme énoncé dans les deux articles précédents, le manque de visibilité est pleinement à considérer. En effet, les enfants ne sont pas directement exposés aux opportunités d'engagement associatif, et ne perçoivent pas l’engagement comme une activité attractive. Y sont associés de nombreux aspects négatifs : notamment le temps. Selon une étude menée par France Bénévolat en 2019 sur une population âgée de 15 ans et plus (soit plus âgée), l’un des principaux freins à l’engagement est le manque de temps (46 %) 1 . Si c’est le cas pour des adultes, qui pour leur part « maîtrisent » leur propre temps, on peut imaginer que cela ne fonctionne pas pour un enfant, dont les journées sont déjà bien remplies. Il faut alors penser la temporalité de l’événement en fonction de ces enjeux. En effet,
une temporalité courte s’impose par le manque de disponibilités des enfants. D’autant plus qu’il s’agirait de valoriser
la pratique de l’engagement ponctuel auprès des plus jeunes. C’est un comportement encouragé par les associations, car près d’un bénévole occasionnel sur deux continue de s’engager régulièrement, que ce soit dans la même organisation ou ailleurs 2 . Ce projet pourrait être présent sur les temps scolaires, où quelques actions existent déjà, afin d’aller dans le sens d’une amplification de ces temps-là. Mais il pourrait également exister en dehors du cadre scolaire, afin de compléter et de pérenniser ces actions dans le reste de la vie des enfants.

La répartition du temps scolaire dans la semaine d’un enfant, et la symbolique qu’on peut trouver à chacun. Il n’y a pas de meilleure option réellement, puisqu’il est important de savoir vivre avec les autres et d’apprendre les codes de la citoyenneté, mais il est également primordial d’être libre.
Dépasser le stade de la sensibilisation
Sensibiliser les plus jeunes est une évidence. Mais cela ne les invite pas à agir pour autant. Comme nous avons pu le voir au cours du premier article, les interventions des associations ne proposent pas de place adaptée aux enfants dans le monde associatif, et induisent une image ennuyeuse au fait de s’engager. C’est pourquoi il est nécessaire de valoriser l’image de l’engagement. Le design pourrait répondre à ces problématiques-là, en envisageant le sujet de l’engagement comme un état festif et porteur d’espoir. Il y a là un principe que l’on trouve aujourd’hui dans les festivals, et qui pourrait être utilisé dans un projet d’engagement des plus jeunes. De plus, pour que le projet conserve l’ambition de dépasser l’apport informatif, et de s’inscrire dans la durée, il paraît plus évident qu’il ait lieu sur les temps extrascolaires. Cela prolongerait les actions effectuées à l’école sur des moments de vie plus personnels. Mais le festival à lui-seul n’est pas une solution, ni l’atelier, ni encore l’événement de sensibilisation, et peut-être qu’une forme hybride entre tout cela pourrait exister. En effet, cela permettrait
de se projeter plus rapidement dans une forme d’engagement des plus jeunes. Il est donc nécessaire de désacraliser l’engagement auprès des enfants, afin de le rendre plus abordable et plus attractif.

Les atouts de trois formes événementielles répandues auprès des enfants et des associations, à savoir le festival,
les ateliers et les événements de sensibilisation.
les ateliers et les événements de sensibilisation.
Mais l’engagement associatif peut demander du temps et des efforts avant de voir des résultats tangibles, ce qui ne correspond pas toujours à la gratification instantanée à laquelle les enfants sont souvent habitués. Le Petit Manuel de l’Engagement, édité par le Réseau National des Maisons des Associations, invite justement à valoriser l’engagement ainsi :
« Faire reconnaître la valeur du bénévolat et de l’engagement suppose par ailleurs de mettre en place des outils d’évaluation qui rendent concrets les effets positifs de l’engagement. Les dispositifs comme la validation des acquis des expériences associatives ou le compte engagement citoyen peuvent également être mobilisés dans cette optique. » 3 . Des programmes sont déjà mis en place pour encourager l’engagement citoyen bien qu’ils arrivent trop tardivement. Mais il faut reconnaître
que la mise en place d’un système de reconnaissance de l’engagement est une idée intéressante, qu’il faudrait transposer lors de ce futur temps d’engagement. Cela concerne plus les adolescents et les jeunes adultes aujourd’hui, mais pourrait entièrement correspondre à une cible encore plus jeune.

Les badges de scoutisme fonctionnent sur cette idée de reconnaissance envers une bonne action.
Ce principe de gratification donne envie aux enfants d’en gagner davantage, et pourrait se transposer facilement dans le monde associatif.
Ce principe de gratification donne envie aux enfants d’en gagner davantage, et pourrait se transposer facilement dans le monde associatif.
Contexte et commanditaire
- Un lieu de rencontre
Le choix du lieu dans lequel l’événement pourrait s’ancrer est primordial : il doit suffisamment fédérer pour que
n’importe qui puisse s’y rendre.

d’une même ville.
Pour ces raisons-là, les places qui se trouvent devant les mairies pourraient être un choix pertinent. En effet, elles permettent de rassembler des habitants d’un même quartier, elles sont visibles et accessibles, et elles sont souvent centrales. En termes de proximité, cela permet de rendre l’engagement visible aux enfants, qui peuvent notamment découvrir les associations présentes dans leur entourage. De plus, il existe déjà des événements de ce type comme les forums associatifs, évoqués dans le premier article. Mais ces derniers exposent l’engagement plutôt que de le produire : il est important de pouvoir voir les possibilités que l’on a dans son quartier, mais cela ne doit pas être l’objectif principal de cet événement. À l’inverse, cette rencontre entre le jeune public et l’engagement aurait pour but de produire une action, l’attractivité restant un moyen seulement.
La Ville de Paris étant porteuse de projets allant dans le sens de la participation des plus jeunes, elle pourrait être un commanditaire pertinent. En effet, le projet éducatif de territoire 2021-2026 de la capitale qui concerne les enfants de la crèche au collège a pour but de « permettre aux enfants et aux adolescents, dans un environnement favorisant leur bien-être de s’épanouir, se socialiser, devenir autonomes et responsables » 4 . Cela se traduit par sept priorités stratégiques, énoncées sur le site de la mairie, dont la sixième : « Promouvoir l’engagement citoyen et l’éducation à la citoyenneté et au développement durable » 5 . En ce sens, un appel à projet est actuellement proposé à tous les collégiens de Paris 6 .
Cela permet à un groupe de jeunes de se voir financer et de réaliser une action porteuse de sens, dans leur collège ou leur quartier (à consulter en cliquant ici). Puisque ces actions existent, on ne peut pas nier que l’école est un contexte potentiel porteur pour produire de l’engagement chez les plus jeunes. Mais il n’y a pas de place dans le programme scolaire pour ajouter des activités prenantes sur la durée. C’est pourquoi, si des actions sont déjà mises en place, il s’agirait de ne pas encombrer d’autant plus les programmes. Penser un événement en dehors de l’école permet d’être plus ambitieux sur les modalités.
Institution politique ou culturelle ?
Mais s’adresser à la mairie pour créer ce type d’événement implique différentes problématiques, dont la première financière. Le choix de l’installation de tentes blanches lors des forums associatifs s’explique par des problématiques temporelles, mais également budgétaires. De fait, un projet d’événement éphémère ne doit pas représenter une dépense démesurée. À l’inverse, il est envisageable de penser à un dispositif qui puisse se déployer dans plusieurs villes, et qui devienne à terme un nouveaumoyen de proposer aux enfants de s’engager.
Déployer un dispositif à grande échelle permet de rendre visible l’engagement des enfants à un plus large public.
En touchant plus de monde, on peut également s’attendre à plus d’adhérents.
En touchant plus de monde, on peut également s’attendre à plus d’adhérents.
Cela pourrait se positionner comme une réponse aux aménagements existants, ne s’adressant pas directement aux enfants
et n’étant pas non plus attractifs.
Par ailleurs, il faut aussi considérer l’aspect politique d’un partenariat avec une structure représentative de l’État. Cela réduit considérablement la liberté qu’un designer peut avoir en créant un événement autour de l’engagement citoyen. La visée qu’aurait le projet serait définie par une ambition politique précise, ce qui amplifierait les risques d’enrôlement dont il est question par rapport au jeune public.
Pour pallier cette difficulté, il est aussi possible d’envisager une collaboration avec une institution culturelle. L’Académie
du Climat 7 , par exemple, a une programmation familiale, accessible et à la démarche engagée. De nombreuses actions, expositions, débats, conférences, ateliers divers sont organisés dans le but de transmettre des valeurs engagées envers l’écologie. Cette institution met en place de nombreux partenariats, avec des offres qui s’adressent aux milieux scolaires
et périscolaires. Cela permettrait d’imaginer un projet plus ambitieux, détaché d’un axe politique précis. Cependant, cela limiterait la visibilité que le projet pourrait avoir, en s’adressant à un public déjà sensibilisé à la culture. On chercherait justement ici à s’adresser au plus grand nombre, ce qui n’est pas nécessairement le cas des institutions culturelles et payantes.
On peut aussi citer le Centre Pompidou, étant un lieu de création et de réflexion connu et central. Il pourrait se positionner comme un partenaire cohérent, et motivé par le projet de produire de l’engagement chez les plus jeunes par le design.
Ces commanditaires pourraient proposer des projets hors les murs, qui leur permettraient de déployer leurs actions auprès d’un public plus large. De plus, il serait possible d’organiser un événement indépendant, dont la programmation ne serait régie que par l’institution culturelle et le designer.

Les musées peuvent proposer une expérience en extérieur afin de se rendre plus accessible auprès des passants. Cela permet aussi de s’extraire d’un fonctionnement d’entrée payante, et de la sacralisation du musée qui peut repousser certaines personnes.
Des outils en tant que designer
- La cible du jeune public
En outre, si les parents ne valorisent pas ou n'encouragent pas l'engagement associatif, les enfants peuvent ne pas voir son importance. De même que nous l’avons vu précédemment à travers les recherches de John Dewey : si l’environnement de
l' enfant ne l’expose pas à ce type d’expériences, il sera moins attiré par cet aspect de la société. C’est pourquoi il est nécessaire de s’adresser à tous les enfants, et pas seulement ceux qui ont grandi dans un environnement engagé. Comment s’adresser au plus grand nombre ? Des enjeux scénographiques sont à prévoir afin d’accueillir beaucoup de visiteurs, dans un temps assez court. L’espace d’implantation étant plutôt vaste, il s’agira de l’organiser pour qu’il soit accessible aux plus jeunes en sécurité : par exemple, en instaurant un balisage de la zone ouverte aux enfants, comme les espaces enfants des musées et lieux publics. Si l’événement est visible en marchant dans les rues alentour, il a plus de chance d’attirer un large public.
En effet, si l’objectif est de valoriser l’engagement ponctuel et spontané, il faudrait que le système de participation
à l’événement s’en inspire.

Il faudrait imaginer un lieu qui permette aux enfants de déambuler librement, sans avoir à attendre la validation d’un adulte.
Le balisage de l’espace devrait être suffisamment large pour assurer leur sécurité sans pour autant les enclaver.
Le balisage de l’espace devrait être suffisamment large pour assurer leur sécurité sans pour autant les enclaver.
Ce projet aurait également vocation à légitimer la présence des enfants dans le monde associatif, en leur faisant découvrir leurs possibilités à leur niveau. Cela va dans le sens d’une introduction au sens de l’engagement, et aux actions qu’ils sont déjà en mesure de réaliser. Prendre en compte ces enjeux implique de valoriser l’autonomie des enfants, et de ne pas chercher
à les amener à un chemin de pensée précis. En ce sens, il s’agirait de créer un temps exclusivement pour les plus jeunes, sans essayer de leur donner une petite place dans un endroit prévu pour les adultes. « La Philharmonie des Enfants » pensée par Constance Guisset, est un grand espace où les enfants évoluent en autonomie et où la scénographie est conçue précisément pour eux 8 . Pendant ce temps, les parents peuvent profiter de l’exposition habituelle. Dans ce dispositif, c'est le point de vue l'utilisateur (du lieu) qui a été pris en compte. Le rapport d'usage entre les enfants et les parents constitue un point de départ réflexif intéressant pour le designer.
Photographies de la Philharmonie des Enfants, imaginée par Constance Guisset.
Le jeune public prend possession de l’espace comme il le souhaite.
De la même façon que l’on pense aux enfants dans un événement pour adulte, il faut considérer la place des accompagnants. À l’instar des espaces enfants existant au sein de grands festivals destinés aux adultes, on pourrait imaginer un espace dédié aux accompagnants pour que les enfants puissent profiter pleinement de leur expérience sur mesure.

Laisser ses parents dans le “coin parents” de l’événement, pendant que les enfants partent profiter de ce moment sans en être encombrés.
Produire l’engagement chez les enfants
Parler aux enfants est un moyen de légitimer leur place au sein du monde associatif. De fait, ils se rendent davantage compte qu’ils y ont accès, et que ce n’est pas forcément un milieu réservé aux adultes. Il est nécessaire de penser cet événement selon leurs besoins et leur état d’enfant. Le jeune public ne s’engageant pas de la même façon que les adultes, il aura une vision différente du monde associatif. Cela lui permettrait de savoir qu’il peut agir pour changer les choses, et donc lui créer un sentiment de satisfaction et d’espoir. Il s’agirait alors de mettre en lumière cet aspect joyeux et valorisant, qu’il trouverait dans le fait de s’engager. De ce fait, on pourrait créer une scénographie ambitieuse et colorée, porteuse des valeurs de l’engagement des enfants. Cet événement s’appuierait d’une part sur les codes des festivals associatifs engagés, à savoir le divertissement au service de l’engagement. D’autre part, il se baserait sur la participation et le passage à l’action, plutôt que sur la seule exposition de l’engagement. Pour cela, on pourrait valoriser la prise d’initiative du jeune public. S’exprimer sur ses convictions personnelles et développer son propre regard sur le monde sont des valeurs importantes portées par le fait de s’engager. En 2017, le collectif « Formes Vives » a proposé à des enfants marseillais de créer une série de pancartes afin de questionner l’évolution de leur quartier, soumis à de gros chantiers d’urbanismes dans les années à venir 9 . Un temps de réflexion en amont avec les enfants leur a permis de passer à l’action de façon consciente et motivée. Cette médiation est intéressante dans sa temporalité, mais également car le projet artistique créé avec les enfants est le résultat d’un cheminement personnel de leur part.
Photographies du projet du collectif “Formes Vives”. Les enfants ont créé leurs propres pancartes,
et sont photographiés à l’endroit dont ils parlent.
et sont photographiés à l’endroit dont ils parlent.
Il est aussi possible de penser à un système participatif, où les plus jeunes collaborent à la mise en scène de l’événement.
Il s’agirait alors d’un moment conçu avec les enfants, pour les enfants. Cela ouvrirait la voie à la légitimation du jeune public,
et à son inclusion à la communauté. Ainsi, ils pourraient découvrir la force du collectif, valeur primordiale du monde associatif.
Une temporalité plurielle
Différentes temporalités sont à considérer : il faut prendre en compte le fait que les enfants n’ont pas beaucoup de temps
en dehors de l’école. Puisque les notions d’engagement n’apparaissent que très faiblement dans le milieu scolaire, cet événement pourrait venir en complément, durant le weekend. Cela implique de penser un moment court, afin qu’ils puissent s’y rendre sans que cela soit une contrainte. En effet, un événement auquel on peut participer le temps d’une après-midi pourrait suffisamment marquer l’esprit du jeune public, sans pour autant lui être inaccessible. L’objectif principal réside en
la capacité à exploiter ce temps fort pour faire du bruit, et faire sa place dans les événements récurrents parisiens. Puisque l’invisibilité des enfants dans le monde associatif est un levier à exploiter, il faudrait commencer par le rendre immanquable. Un événement ouvert à tous, durant deux ou trois jours, qu’on ne peut pas rater. Mais dans le but de pérenniser le sens de l’engagement chez les enfants, un moment festif unique ne suffit pas. C’est ce que l’on constatait précédemment sur les actions mises en place aujourd’hui, qui ne parviennent pas toujours à impacter les plus jeunes dans la durée. On pourrait alors imaginer par la suite des temps ponctuels où l’événement resurgirait, à moindre échelle, afin de laisser une trace à long terme. La forme de ces temporalités reste ouverte : il pourrait s’agir de débats, de moments de réflexions, ou peut-être de réalisation de projets en groupe sur la base du volontariat. Il est aussi possible que ces petits événements apparaissent sur les temps scolaires, afin de créer le lien entre les différentes étapes éducatives de l’enfance, à savoir l’instruction et l’insertion
à la société.
Temporalité plurielle de l’événement définie selon deux temps principaux : un temps fort pour faire du bruit et marquer les esprits,
et plusieurs apparitions secondaires afin de pérenniser l’action sur la durée. Cela pourrait également fonctionner sous forme de cycles.
Ces différents régimes événementiels permettent d’avoir un temps de lancement visible et attractif, qui continue d’agir en sous-marin et qui émerge ponctuellement dans les mois qui suivent. Il est aussi envisageable qu’il fonctionne sous forme de cycles, avec une nouvelle édition chaque année (encore à la manière d’un festival) dans le but de prolonger cette action au plus grand nombre de participants. Cela permettrait que ces différentes formes temporelles se nourrissent mutuellement,
et se complètent, autant sur l’aspect marquant et mémorable que pérenne.
Conclusion : le temps de l’enfance est le temps de l’engagement
Produire une forme d’engagement chez les enfants est possible. Il s’agit toutefois de trouver la mesure nécessaire à l’état de l’enfance. En effet, les articles précédents ont permis de déceler différentes frictions quant au jeune public, et son regard sur le monde associatif. Il paraît désormais cohérent de les accompagner au mieux, dans cette exposition directe aux injustices du monde. C’est pourquoi il faut penser un événement qui leur est exclusivement destiné, afin de réellement les considérer. Cela passe notamment par la valorisation de leur autonomie, et la meilleure insertion des plus jeunes à la société. En termes de temporalité, il s’agit de mêler plusieurs régimes événementiels, pour atteindre une pérennisation de leur engagement.
On peut alors s’inspirer des actions existantes, dans l’objectif de proposer une programmation plurielle cohérente. Un premier temps fort permettrait de rendre le sujet plus visible, auprès des enfants mais aussi de leurs parents. Bien que plusieurs commanditaires restent encore envisageables, ce dispositif devrait être mémorable et attractif. La scénographie aurait pour objectif de rendre l’événement unique, vivant et porteur d’espoir. Ce moment viserait le passage à l’action du jeune public, dépassant largement le simple fait de les sensibiliser. Pour cela, des périodes de médiation ponctuelles s’étaleraient sur
la durée, notamment sur les temps scolaires. Cela pourrait prendre à terme la forme d’un cycle, afin que les différents événements se fassent écho. Enfin, cet événement aurait vocation à créer du lien entre les différents temps de l’enfance,
afin de produire de l’engagement chez les plus jeunes, de façon adaptée et pérenne.
Notes de bas de page
1 « Les principaux freins à l’engagement sont le manque de temps (46 %) et le manque d’occasion (29 %). D’autres sondés affirment ne pas trouver de cadre associatif leur convenant et / ou ne pas connaître d’associations à proximité de leur domicile. ». citation de l’article « Des potentiels encore inexploités : zoom sur les freins à l’engagement », publié en ligne le
20 janvier 2022 sur le site « Wenabi ».
2 « D’après la dernière étude d'impact de Benenova (France), près d’1 volontaire ponctuel sur 2 continue à s’engager régulièrement, que ce soit dans la même organisation ou ailleurs. Proposer ce type d'engagement prend donc tout son sens pour les associations à la recherche de bénévoles. » citation de l’article « Bénévolat d’un jour : ça vaut le détour ! »,
publié en ligne sur le site « levolontariat.be ».
3 Réseau National des Maisons des Associations, « L’engagement à la portée de tous », Petit Manuel de l’engagement, 2019, p.19
4 « Tout savoir sur le Projet éducatif de territoire », onglet en ligne du site « paris.fr », mis à jour le 17 novembre 2022.
5 Ibid.
6 « Collégiens, citoyens, à vos projets ! », appel à projet de la ville de Paris, mis à jour le 19 octobre 2023 sur le site « paris.fr »
7 Lieu parisien ouvert et gratuit, prévu pour « s’informer, se former, échanger et agir pour le climat ». « Découvrir l'Académie
du Climat », onglet en ligne du site « academieduclimat.paris »
8 Ce parcours d’exposition comprend cinq univers thématiques, répartis dans un espace permanent, ce qui permet aux enfants d’y avoir accès tout le temps. « Philharmonie des enfants », onglet en ligne du site « philharmoniedeparis.fr »
9 Zammit, Adrien, « PR2017 : UNE MARCHE EXPLORATOIRE DE BOUGAINVILLE À ROSA PARKS », onglet du site
« formes-vives ».