Leeloo Dannhauer Projet de diplôme - DSAA 2 Événement et Médiation
à l’École Boulle - Paris
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Article problématique : Le temps de l’enfance



L’engagement du jeune public n’est pas une évidence. Suite à l’article précédent, dans lequel nous avons analysé la place
des enfants dans le monde associatif, il est possible de mettre en tension différentes notions.

Premièrement, les enfants se sentent concernés de plus en plus tôt par certains enjeux sociétaux, et se voient très rapidement mêlés à des aspects de la société qui ne devraient pas encore les concerner. C’est pourquoi certaines associations restent encore vigilantes quant à l’inclusion du jeune public dans leurs programmes. Le risque de formater les plus jeunes reste présent, là où ils doivent se construire plus librement. Les associations optent principalement pour des actions
de sensibilisation, qui ne portent donc pas l’ambition de leur donner les clés pour passer à l’action. Toutefois, il est nécessaire que les enfants puissent avoir les moyens d’agir pour les causes qu’ils souhaiteraient défendre. Ces derniers ont besoin
de sens et de solutions, pour ne pas rester à un état constatif. On peut percevoir l’enfance comme un temps de découverte
de son environnement ; cela nous inviterait alors à les considérer davantage dans la société.

Mais l’engagement n’est pas non plus un sujet très attractif. On peut l’assimiler à un dévouement trop intense, induisant un certain poids moral. Ce format d’activité n’est à priori pas compatible avec un mode de vie d’enfant. Le fait de s’engager n’est donc pas forcément motivant, et n’est pas valorisé non plus.. Il peut sembler incohérent de s’attendre à ce que les plus jeunes s’engagent de la même façon que les adultes.
On peut alors se demander : le temps de l’enfance est-il le temps de l’engagement ?
Autrement dit, ne doit-on pas laisser les enfants profiter de leur enfance, de leurs moments d'insouciance et de légèreté ?


Les enjeux liés à l’engagement des enfants
- Le jeune public


L’enfance est une période que l’on ne peut pas traiter de la même façon dans son entièreté, car les enfants n’ont pas tous les mêmes besoins en fonction de leur âge. Jean-Jacques Rousseau, philosophe des Lumières, dresse le portrait de ces différents états dans son ouvrage Emile ou De l’éducation, publié en 1762. Selon lui, l’enfance est comprise de 2 à 12 ans. Il considère d’ailleurs ce temps comme la première entrée dans la société. Cela rejoint les théories de Maria Montessori, à l’origine d’un système pédagogique alternatif datant de 1912. Selon la médecin italienne, l’enfance concernerait les 6-12 ans, et serait caractérisée par « l’enfant qui n’est plus tourné vers lui-même, mais vers les autres, vers le monde » 1 .



L’enfant n’est plus tourné vers lui-même mais vers le monde, et il commence déjà à le questionner.

La méthode Montessori s’appuie notamment sur ces données-là dans sa pédagogie : « c’est à l’âge de 6 ans que le sens social de l’enfant se développe. L’enfant est plus curieux d’apprendre et affine ses recherches en posant des questions et en essayant d’aller toujours au plus loin des choses. » 2 . C’est cette ouverture sur le monde qui pourrait constituer un premier élan vers l’engagement des enfants. En effet, si on considère que l’enfance est un moment de questionnements concrets, il peut tout autant s’agir d’un moment propice à l’apport de réponses.
Mais l’enfance est précieuse : elle est censée être légère, et ne pas tendre forcément vers l’âge adulte. Les enfants ont besoin de jouer, de se dépenser, et de rester dans une certaine forme d’insouciance ; il faudrait alors préserver ce temps-là.


Préserver l’insouciance des enfants


Il faut nécessairement différencier l’enfance de l’âge adulte. En effet, les enfants ont besoin de se construire indépendamment, et ne doivent pas être considérés comme de jeunes adultes. Là où l’éducation peut tendre à les faire évoluer d’une certaine façon, les enfants ont besoin de découvrir le monde de façon autonome. Pourtant, les associations ne sont pas impartiales, et portent un regard engagé sur de nombreux aspects de la société. N’est-il pas dangereux d’inclure le jeune public au monde associatif ? On peut se demander si l’enfant ne devrait pas être préservé de tous ces sujets sociétaux importants. Plusieurs intellectuels ont déjà exploré cette question, parmi eux Jean-Jacques Rousseau, qui s'est penché sur le sujet dans l’ouvrage déjà cité : Émile ou De l’éducation. Il y dépeint l'enfance comme une période distincte de l'âge adulte et met l'accent sur l'importance de permettre à l’enfant de vivre ses propres expériences. Rousseau démontre donc l’importance de protéger leur état d’enfant, et leurs moments de légèreté qui constituent les fondements de la personne qu’ils deviendront.




Les enfants représentent une cible facile, que certains pourraient vouloir manipuler voire embrigader.


Et effectivement, on ne laisse pas un enfant de 4 ans seul devant des chaînes d’information.
Il semble donc évident que demander aux enfants de prendre parti et de se mettre au service d’une cause est questionnable. Au contraire, cela tendrait dangereusement vers une forme d’enrôlement. On ne peut pas nier que les dangers de les embrigader dans une certaine forme de pensée existent. Il s’agirait à l’inverse de les protéger de la société, et de s’adapter pleinement à leur façon de découvrir leur environnement. Dans son ouvrage The Disappearance of Childhood publié en 1982, le théoricien des médias Neil Postman aborde le sujet de la ressemblance toujours plus forte entre les enfants et les adultes, que ce soit en termes de mode vestimentaire ou de comportement. Selon lui, ils démontrent une clarté de logique et de raisonnement qui rappelle dangereusement celle des adultes. La distinction traditionnelle entre les enfants et les adultes semblerait donc s'estomper, et l'idée même de l'enfance serait en train de disparaître.



Si les enfants tendent de plus en plus à ressembler aux adultes, quelles en sont les limites ?

C’est pourquoi l’engagement associatif des adultes n’est pas adapté à un public enfant. Vouloir y inclure le jeune public réduit d’autant plus les différences entre l’enfance et l’âge adulte.

Au croisement de ces deux auteurs, Roland Barthes, dans son ouvrage Mythologies paru en 1957, donne une définition
du monde de l’enfance à travers des exemples précis. Dans son article « Jouet », il aborde la façon dont les jouets français influencent la perception des enfants et leur préparation à la vie adulte. Selon lui, il s’agit essentiellement de reproductions réduites d'objets humains, ce qui suggère que les enfants sont vus comme des versions miniatures des adultes.



Les petites filles qui apprennent à jouer à la maman sont conditionnées à leur futur rôle de mère.
Elles savent déjà quelle place elles se devront d’occuper plus tard dans la société.


L'auteur critique alors le fait que ces jouets n'encouragent pas la créativité des enfants, mais les poussent à devenir de simples utilisateurs d'objets existants. Si les jouets formatent le jeune public, la société dans son ensemble y participe également. En demandant à des enfants de s’engager pour défendre une opinion précise, on leur induit nécessairement une façon de penser. Ils ne sont alors plus libres de se forger leur propre avis.


Un temps de formation et d’intégration à la société


Ces différentes théories concernant l’insouciance des enfants restent toutefois à nuancer. Certes, l’enfance est un temps précis, auquel il faut pleinement s’adapter. C’est bien le moment de l’insouciance et de la légèreté, et les préserver de certaines influences extérieures paraît évident. Mais c’est aussi le temps de la formation. En effet, l’enfance est dédiée à l’apprentissage de certaines compétences sociales et intellectuelles. Cela passe notamment par l’école. C’est la loi
du 28 mars 1882 rédigée par Jules Ferry qui entendra rendre l’instruction primaire obligatoire pour les enfants âgés
de 6 à 13 ans révolus 3 . De nos jours, l’école, qui occupe une place majeure dans le quotidien des enfants, constitue le berceau de leur instruction. Mais celle-ci a tout intérêt à être alimentée par des activités sportives, artistiques, ou encore sociales.
Il est primordial pour les plus jeunes de compléter leur apprentissage scolaire par des compétences complémentaires.



La relation entre les temps principaux de l’enfance, à savoir le scolaire, le périscolaire, et le foyer.
Chaque temps constitue un apport de compétences complémentaires aux deux autres.

On pourrait considérer que l’engagement associatif participerait au développement de ces notions, et donc au temps de formation qu’est l’enfance. Il reste nécessaire cependant de questionner le caractère formateur de l’engagement associatif.

Les enfants, malgré eux, sont inspirés par leur environnement, et notamment leur cadre familial proche. D’ailleurs, ceux ayant un parent engagé dans une association sont plus à même de vouloir en faire partie. C’est un fait que le philosophe et psychologue américain John Dewey promeut, allant dans le sens d’une éducation ancrée dans la réalité tangible des choses. Selon sa philosophie, l'éducation consiste à partager notre expérience avec autrui pour en faire un bien collectif.
L'enfant occupe une place cruciale dans sa communauté et coopère avec les autres, au service de son environnement.

Selon Dewey, le premier critère déterminant pour définir un objectif éducatif valable est qu'il doit émerger des activités concrètes de la vie quotidienne. Ces activités sont celles auxquelles l'enfant est exposé, celles qu'il observe au sein de sa famille, parmi son entourage proche, ou même chez les passants dans la rue… En s'inspirant des réalités de la vie, les objectifs qu’il se fixe deviennent plus diversifiés et plus concrets. Dans son livre La cause des enfants édité en 1997, Françoise Dolto développe une idée qui va dans ce sens : « En chaque enfant, on l'ignore trop, naît et se développe le projet intuitif d'être considéré comme une (grande) personne. Aussi attend-il qu'on ait à son égard le comportement et le respect que l'on a
vis-à-vis d'un adulte. Il a raison. » 4 . Si le moment de l’enfance est à préserver, il reste toutefois un temps de découverte et d’inclusion à la société. Et on ne peut donc pas nier l’enjeu de développer certaines compétences sociales chez les plus jeunes. Mais cette socialisation doit toutefois rester neutre, et n’inclut pas l’engagement de façon évidente.


Les enfants en marge


Mais le statut juridique des enfants - autrement dit le fait qu’ils soient mineurs - favorise leur marginalisation dans la société. Dans leur travail de recherche, Mona Paré et Diane Bé notent que « cela signifie qu’on ne les consulte presque jamais en ce qui a trait à des décisions politiques, et même rarement par rapport à des décisions qui les concernent individuellement. » 5 . Selon elles, « le concept de participation est difficile à appliquer aux enfants, car cette idée même vient défier leur position traditionnelle dans la société. » 6 . En effet, vouloir préserver le temps de l’enfance est une chose, mais à tort cela exclut les enfants de la société à laquelle ils appartiennent pourtant. Janusz Korczak dénonçait notamment dans son ouvrage L’éducation Constitutionnelle datant de 1997, une société divisée en deux classes : « la classe des adultes usurpant tous les droits, et la classe des enfants vivant en servitude » 7 . Selon lui, il valait mieux protéger les enfants de l’arbitraire des adultes. Enfin, la psychiatre canadienne Laelia Benoit a récemment évoqué ce sujet dans son dernier livre appelé Infantisme paru en septembre 2023. Elle y aborde le sujet de la discrimination des enfants, souvent discrédités par leur état de non-adultes. Elle accuse la société de vouloir dominer les enfants, soit par peur qu’ils nous surpassent, soit par reproduction d’un schéma d’éducation vécu. On peut encore citer Françoise Dolto, défendant également la valeur des enfants : « C’est un scandale pour l’adulte que l’être humain à l’état d’enfance soit son égal. » 8 .



“Tu comprendras quand tu seras grand”, ou une phrase banalisée et employée à tort, souvent mal reçue par les enfants
qui sont en quête de réponses concrètes, et à qui on se doit d’expliquer certaines choses plutôt que de les taire.

Pourtant, l’enfant est capable de comprendre. Et si les enfants posent des questions, c’est pour qu’on leur donne les réponses. Leurs pensées se rejoignent ainsi, allant dans le sens d’une prise de conscience du rôle de l’enfance dans la société.
Mais surtout, de leur place auprès des adultes. Laelia Benoit dépeint justement dans son livre une société qui ne prend pas
les enfants au sérieux, et qui discrédite leur parole. Elle démontre pourtant que les enfants sont capables de penser par
eux-mêmes, et d’apporter un regard pertinent sur le monde. Qu’on aurait beaucoup de choses à apprendre de leur part, eux qui gardent encore un esprit ouvert et curieux sur le monde qui les entoure. Mais les regards que portent ces auteurs sur la place des enfants peuvent aussi être questionnés. On peut considérer que certains discours restent assez naïfs, et portent
de trop grandes attentes vis-à-vis du jeune public.

Il est donc possible de se positionner à mi-chemin entre les réflexions de Rousseau et de Benoit. D’un côté, le temps de l’enfance est propice à la découverte spontanée d’un environnement neutre : la société, en intervenant trop tôt, risquerait d’agir sur le développement partial des enfants. De fait, en leur imposant de prendre certaines positions à leur âge, elle pourrait les embrigader dans un certain mode de pensée. D’un autre côté, mettre à l’écart les enfants pourrait tout autant les empêcher de devenir citoyen, et de faire partie intégrante de leur communauté. Là où l’on tend à les marginaliser sous prétexte qu’ils ne sont pas (encore) capables de penser de façon autonome, on pourrait les inviter à agir au sein de leur société, et ce, à une place adaptée. Finalement, les enjeux du jeune public se situent entre potentiel et fragilité : il y a un fort intérêt à donner une place aux enfants dans la société, mais les méfiances que l’on peut avoir se justifient.



Comment se positionner entre danger et inclusion ? Simplification du propos résumé en deux grands pans de pensée.


Tout réside dans la mesure que l’on donne à cette notion d’engagement. S’agit-il du même engagement que pour les adultes ? Peut-être que le temps de l’enfance peut se destiner à une certaine forme d’actions, vouées à évoluer plus tard.


Donner les clés aux enfants pour mieux comprendre la société dans laquelle ils évoluent


Il faut reconnaître que demander aux plus jeunes de s’engager peut s’apparenter à une forme de dédouanement de la part des adultes. En effet, on peut considérer que ces derniers, ne se sentant plus capables de résoudre leurs problèmes, reportent le poids de leurs échecs sur les générations futures. C’est un comportement largement critiquable, souvent présent dans la sphère politique actuelle. Nous pouvons prendre l’exemple d’Emmanuel Macron, qui a demandé en septembre 2023 à tous les collégiens de France de planter un arbre afin de réduire l’empreinte carbone du pays. Cette demande a été largement perçue comme un manque de responsabilisation de la part du gouvernement.





Le 4 septembre 2023, Emmanuel Macron annonce vouloir faire planter un arbre à chaque collégien français.
Est-ce à eux d’agir à la place des adultes ? Et d’accomplir ce que le gouvernement n’a pas su faire ?


Ce fait d’actualité récent n’est pas un cas isolé, et nécessite naturellement d’être attentif quant au fait de faire s’engager les enfants. Il faut également prendre en compte une forme d’infantilisme de la société, qui cherche à conserver son enfance plus longtemps, et à s’identifier aux plus jeunes de ses membres. Les comportements adultes tendent aussi à une forme d’insouciance et de légèreté, ce qui n’est pas cohérent avec leurs responsabilités. 




Aujourd’hui les adultes continuent d’être absorbés par des activités puériles, notamment les jeux.


Cependant, cela suppose que l’on pense le problème du point de vue des adultes. Bien que parler de l’engagement des enfants soit une initiative des adultes, elle a pour but de répondre à une demande bien présente des plus jeunes.

Comme dit précédemment, les enfants, dès l’école primaire, ont besoin de justice. Ils sont témoins de nombreuses injustices sociétales, présentes dans leur quotidien, qu’ils ne comprennent pas. Il est important de les sensibiliser aux causes auxquelles ils sont / seront confrontés au cours de leur vie. Il faut également prendre en considération l’omniprésence des réseaux sociaux aujourd’hui. La moyenne d’âge en France d’inscription à un réseau social ne s’élève qu’à huit ans et demi 9 . Cette donnée n’est pas négligeable, compte tenu du fait que les enfants sont exposés à de nombreuses images et informations auxquelles ils ne devraient pas avoir encore accès. On ne peut pas sous-estimer l’impact que cela peut avoir sur leur vision
du monde. Leur désir de révolte et leur envie d’agir peut s’expliquer par cette surexposition aux maux de la société.



Les enfants qui vont sur les réseaux sociaux accèdent à un contenu souvent violent. Bien que le flux rapide puisse les banaliser,
il n’est pas rare de se sentir impuissant derrière son écran, tandis que l’on est exposé à tant d’horreurs.


Ainsi, leur donner la possibilité d’agir pour lutter contre les injustices auxquelles ils sont exposés peut également être vecteur d’espoir. Les inviter à participer au monde associatif, à une place définie et adaptée, peut au contraire faciliter leur transition vers le temps de l’adolescence. Cela peut aussi bien leur permettre de se sentir inclus davantage, que de se sentir utiles,
et non réduits à leur état d’enfant.


Rendre l’engagement accessible aux enfants


Mais effectivement, s’engager auprès d’une association implique une participation récurrente, suivant un rythme que l’on doit tenir. C’est pourquoi les enfants ne sont pas la cible directe du système associatif. On considère que le fonctionnement du bénévolat n’est pas adapté au temps de l’enfance. Pourtant, comme dit précédemment, il est important de permettre aux enfants d’avoir une place à part entière au sein de leur société. Et cela concerne nécessairement la définition du terme
« engagement ». À travers le premier article, nous avons pu nous familiariser avec cette notion, en l’exploitant plus particulièrement via le passage à l’action. Les enfants sont pleinement capables d’agir pour défendre une cause qui leur tient
à cœur. L’engagement auquel nous nous intéressons dans ces recherches est bien celui-là : l’engagement au sens de l’implication au service d’une cause, et des actions qui en découlent. Selon un rapport du HCFEA appelé « les temps et les lieux tiers des enfants et des adolescents hors maison et hors scolarité » datant de 2018, « les enfants vers l’âge de raison sont susceptibles de porter un regard lucide sur leur environnement et les injustices ou les choses qui ne vont pas. À cette période, beaucoup d’enfants ont envie de participer, d’aider, d'être utiles. » 10. Et effectivement, les plus jeunes sont déjà en mesure d’agir à leur échelle. Cela s’adapte à leur état d’enfant, avec toutes les précautions à prendre en compte. Le but n’est pas de les exposer à des images violentes, ni de leur faire porter une quelconque forme de poids moral. Au contraire, on aborde l’engagement comme vecteur d’espoir, et de nouvelles possibilités.


Conclusion : est-il temps de s’engager ?


Le temps de l’enfance est destiné à la curiosité. Les enfants découvrent leur environnement, et le monde dans lequel ils vivent. Mais en étant régulièrement exposés aux maux de la société, ils développent également un besoin de justice et un certain désir d’agir. En effet, la place des réseaux sociaux dans leur quotidien n’est pas négligeable, tout comme l’importance des revendications dans le climat politique français. De nos jours, il n’est à priori plus possible de préserver entièrement l’insouciance des enfants.

Il faut alors s’adapter à cette évolution, afin de limiter cette fusion de l’enfance et de l’âge adulte. Les plus jeunes sont inspirés par leur entourage et par leur environnement proche. En les incluant à la communauté, et en leur donnant une place, on les encourage à développer leurs compétences sociales et leur sens du collectif. Il faudrait alors les inviter à s’exprimer, et ne pas discréditer leur parole sous prétexte qu’ils sont encore trop jeunes. Car les enfants sont capables de penser par eux-mêmes. Leur proposer une place adaptée au sein d’une association leur permettrait alors de réellement passer à l’action à leur échelle. Ces jeunes acteurs peuvent être motivés à l’idée de participer à un changement, et d’agir au service de la société. Il est important toutefois que les adultes ne se déchargent pas de leur responsabilité en les déléguant aux jeunes générations.

Le temps de l’enfance peut donc être un moment propice à l’engagement. Cependant il faut avoir pleinement conscience des enjeux que cela soulève : certes, les enfants doivent être inclus davantage à la communauté, mais cela doit être fait selon une posture qui leur est adaptée. Ils doivent donc avoir une place définie dans la vie associative, qui ne discrédite plus leur parole, et qui s’adapte à leur temps d’enfant. Il faut alors penser plus précisément les modalités d’engagement associatif adaptées au jeune public.








Notes de bas de page

1  « Les étapes du développement de l’enfant chez Montessori », onglet du site Montessori.

Ibid.

3 « article 4 : L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus , elle peut être donnée soit dans les établissements d’instruction primaire ou secondaire […], soit dans les familles, par le père de famille lui-même ou par toute personne qu’il aura choisie ». Ferry, Jules, Loi du 28 mars 1882, consultable sur le site « education.gouv ».


4 Dolto, Françoise, La cause des enfants, Éditions Robert Laffont, 1997


5 Paré, Mona et Bé, Diane, « La participation des enfants aux procédures de protection de la jeunesse à travers le prisme de la vulnérabilité », article publié en ligne le 27 avril 2020 sur le site « Érudit »


6 Ibid.


7 Korczak, Janusz, L’éducation Constitutionnelle, 1998, p.316


8 Dolto, Françoise, La cause des enfants, Éditions Robert Laffont, 1997, p.8


9 « Selon une enquête de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) de 2021, la première inscription sur un réseau social interviendrait en moyenne vers l’âge de 8 ans et demi et plus de la moitié des enfants de 10 à 14 ans seraient présents sur ces plateformes. » citation de l’article « Réseaux sociaux : Pourquoi moins de jeunes fréquentent les plateformes ? », publié en ligne le 5 octobre 2023 sur le site « 20minutes ».

10 Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge, « Les temps et les lieux tiers des enfants et des adolescents hors maison et hors scolarité », 2018, p.62



Bibliographie ︎︎︎




Leeloo Dannhauer

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Étudiante à l’École Boulle - DSAA 2 Événementiel et Médiation

Après avoir obtenu un baccalauréat STD2A en 2019 à Paris, j’ai poursuivi mes études à l’ENSAAMA - Olivier de Serres en DNMADE Espace. Mon parcours actuel à l’École Boulle nourrit mes connaissances en scénographie et en médiation culturelle, et me permet de penser le design en fonction d’une cible précise.